❝ R. BRYNN OXBURRY-RHODES. ❞

Les deux jeunes filles se sont rencontrées sur la route menant à Brazoria et Rémielle l'a un peu pris sous son aile, lui apprenant diverses techniques de combat, histoire que Brynn, la douce chirurgienne ne reste pas sans défense face à un rôdeur. Cela aurait pu être une belle histoire d'amitié si un homme n'était pas rentré dans tout ça. Car, évidemment, il y a un homme. Un ce n'est pas un inconnu : Samaël est la raison qui pousse Rém à vouloir détruire son ancienne-fausse meilleure amie. Car Sam, c'est le premier amour de Rémielle, celui qu'elle a aimé. Désespérément. Et qui, accessoirement, ne voit plus désormais que Brynn. La guerre et déclarée, alors, prenez garde.

❝ MAXIME F. WOODWARD. ❞

« Je suis désolé de te retarder Rémielle … Souffla Maxime alors qu'ils faisaient une énième pause pour lui permettre de reprendre son souffle. »[/color] « C'est bon, c'est pas grave. » Voilà deux jours qu'ils cavalaient à travers les montagnes, et l'état du jeune homme empirait un peu plus chaque heures. Elle chargea son CZ-75. Pas question de servir de dîner à une bande de rôdeurs en manque de chaire fraîche. Rémielle jeta un coup d'oeil à Maxime. Il était visiblement à bout de souffle, de grosses gouttes de sueurs perlaient sur son front et ses mains tremblaient. Avec une grimace, elle s'agenouilla devant lui et entreprit de relever la jambière droite de son jean. « Alors, à quoi ça ressemble ? Qu'est-ce que t'en dit ? » « J'en dit que si on arrive pas à Brazoria demain, tu pourrais perdre l'usage de ta cheville. » « Je suppose que l'on repart, dans ce cas. » Rémielle s'en voulait de le pousser ainsi, mais c'était pour lui qu'elle le faisait. Si elle ne l'amenait pas rapidement à quelqu'un qui pourrait le soigner d'une façon adaptée … Elle secoua la tête, refusant de songer à ce qui pourrait se passer. Elle avait déjà perdu bien trop de monde. De sa démarche tremblante, lente et peu assurée, Maxime tentait pourtant de faire de son mieux pour ne pas ralentir sa partenaire qui était en alerte permanente. Il avait compris dès le début qu'il n'était pas question de papoter joyeusement dans les bois en faisant route pour Brazoria. Rémielle se tenait droite, marchait d'un pas léger à peine audible, scrutait l'horizon à la recherche du moindre signe de la présence d'un zombie et ouvrait la marche. Lorsqu'ils s'installaient pour la nuit, elle refusait qu'il fasse quoi que ce soit, excepté veiller à ce que le feu ne s'éteigne pas. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir tenté. Mais la belle blonde était une solitaire, une érudit du savoir vivre en milieu hostile. Alors que lui … Lui n'était qu'un petit citadin qui ne savait pas comment se servir d'une arme pour donner la mort. Quant à se battre à mains nues, mieux valait ne pas en parler. Perdu dans ses pensées, il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était arrêté. « Tout va bien ? » « Ouais, ça va, t'inquiètes. » Mais la réalité était tout autre. Sa jambe le faisait affreusement souffrir, au point que le simple fait de se tenir debout devenait insupportable. Mais il ne pouvait pas la ralentir encore plus qu'il ne le faisait déjà, car, sans qu'il comprenne pourquoi, elle semblait courir vers Brazoria. De toute façon, ce n'était pas comme si il pouvait deviner, étant donné que la seule chose qu'elle lui ai dite de personnelle était son prénom.

« Rémielle ! » Le cri déchira la noirceur de la forêt. Aussitôt, la jeune fille s'élança en direction de Maxime, qu'elle n'avait pourtant abandonné qu'une demi-seconde, histoire de leur trouver un petit quelque chose à grignoter ce soir-là. En arrivant près de leur camp de fortune, elle trouva l'explication à cet appel au secours. Le jeune homme tentait tant bien que mal de repousser deux rôdeurs avec une branche enflammée. Un lancer de couteau en pleine tête et une décapitation avait eût, quelques secondes plus tard, raison d'eux. Rémielle essuya ses mains pleines de sang sur son jean et chercha des yeux Maxime. Ce ne fût qu'avec peine qu'elle le reconnut, assit quelques mètres plus loin, le long d'un arbre, la tête entre les mains, semblant souffrir le martyr. « Hé, fit-elle doucement en l'obligeant à relever la tête, est-ce qu'ils t'ont mordu ? » Il secoua négativement la tête. Un léger blanc s'installa, avant qu'elle reprenne : « Tu m'as fichu une de ces frousses, gloussa-t-elle nerveusement en repensant à la peur qui s'était déversée en elle au moment où elle l'avait entendu crier. » « Désolé, répondit Maxime en grimaçant. » Elle lui adressa un petit sourire et glissa sa main dans son cou, remarquant une légère blessure. Avec douceur, elle écarta le col de sa veste et poussa un soupir de soulagement. Une simple égratignure. « Tu sais, tu pourrais continuer sans moi … Je serais capable de retrouver mon chemin jusqu'à Brazoria. Tu n'as qu'à m'attendre là-bas … » « Je crois que tu as du te cogner la tête. Je ne te laisses pas Max. » Le jeune homme laissa échapper un petit rire avant de plonger dans les deux puits verts émeraudes qu'étaient les yeux de Rémielle. Il attrapa sa main qui traînait toujours dans son cou et l'embrassa. Puis, son poignet, le milieu de son avant-bras, l'intérieur de son coude. A ce moment précis, la belle blonde sentit un frisson se répandre dans tout son corps et un choix cornélien lui apparût. Se laisser emporter, baisser les armes, la garde, pour la première fois de sa vie, pour le désir, ou peut-être bien l'amour, cette chose en laquelle elle n'avait jamais crût ? Ou alors s'éloigner, blesser à jamais le seul garçon qui s'était intéressé à elle et vivre avec des regrets ?
Vous savez, ce n'est pas parce que l'on prétend être une prédatrice, une tueuse, que l'on est sans peur. Au contraire. Et celle de Rémielle s'appelait les sentiments.
Alors, même si ça brisait son coeur, et accessoirement celui de Maxime, elle retira son bras de sous ses baisers, baissa la tête et alla s'asseoir un peu plus loin. C'était plus facile ainsi. Elle ne risquait pas de tomber désespérément amoureuse de lui (si ce n'était pas déjà le cas) et de le voir partir avec une autre, ou pire, devenir l'un des leurs. Une première larme roula sur sa joue, suivit de dizaines d'autres. Maxime ne bougea pas d'un pouce, peut-être n'avait-il tout simplement pas remarqué qu'elle n'était pas un monstre de glace, trop abruti par sa propre douleur.

« Il ne s'est toujours pas réveillé ? Demanda Rémielle en pénétrant dans l'une des chambres de l'infirmerie. » « Depuis deux heures, non, toujours pas. Tu devrais sortir chérie, il fait un temps magnifique. » « J'aime pas le soleil. » Sur ceux, elle s'assit sur le lit, près de Maxime, alors qu'un sourire étirait ses lèvres. C'était plus fort qu'elle. Dès qu'elle le voyait, elle se sentait traversée de poussées de joies. Depuis leur arrivée à Brazoria, il y a trois jours de cela, l'état du jeune homme était stable, mais inquiétant. L'infirmière avait bégayé des mots médicaux incompréhensibles pour la jeune femme, et elle ne voyait qu'une chose : Maxime dormait, encore et toujours. « Il faut que tu te réveilles … Susura-t-elle en dégageant quelques mèches rebelles de son front, avant de laisser glisser ses doigts sur son visage. Tu me manques Max. Quelques larmes terminèrent leur course sur les draps. » « Tout va bien chérie ? » « Heu, ouais, répondit-elle rapidement en essuyant ses joues. Il faut que j'y aille, je reviens dans … » [b]« Dans deux heures, oui, je sais. ».