prénom(s) ∞ autrefois, je m’appelais karen-erika. lorsque j’ai déserté la cia, j’ai dû prendre une couverture. à présent, je suis piper nom ∞ anciennement bond, maintenant parsons âge ∞ trente-deux ans, mais j’en ai en réalité trente-huit sexe ∞ féminin nationalité ∞ je suis américaine de naissance mais je me fais passer pour une australienne origines ∞ je suis normalement d’origine canadienne, mais pour les besoins de ma couverture, j’affirme avoir des origines vietnamiennes votre métier avant que tout cela ne commence ∞ j’étais auparavant agent de la cia. j’ai déserté il y a plus de cinq ans, j’ai changé d’identité pour ne pas que l’on me retrouve; depuis, j’étais professeure d’espagnol au brésil; un voyage scolaire que j’ai organisé nous a amené ici, ma classe et moi-même qualités ∞ droite, opiniâtre, fidèle, passionnée, réfléchie, attentionnée, justicière, tendre, honnête, loyale, cultivée, polyglotte défauts ∞ intolérante, impulsive, pédante, cynique, brutale, intransigeante, sarcastique, bêcheuse, vaniteuse, inflexible, possessive langues parlées ∞ du fait de ses nombreux voyages et de ses apprentissages, piper est trilingue; elle parle couramment l’anglais — sa langue maternelle —, l’espagnol et le portugais groupe ∞ kill you is my only obsession

Vous vous retrouvez en dehors de la zone sécurisée. Un zombie vient de tuer votre ami. Vous savez qu’il est condamné, que faites-vous ? ∞ Dans la mesure où mon ami est déjà mort, je me dois de faire ce qui doit être fait. Je tâcherai de trouver n’importe quel moyen pour que son cadavre ne soit pas infecté par ce virus et ne devienne un mort-vivant à son tour. Brûler son corps resterait sûrement l’une des meilleures méthodes. En revanche, imagions que ce même ami ne soit que mordu et survive à ses blessures, je serai toutefois contrainte de bien lui faire comprendre ce qu’il lui arrivera dans les heures qui suivront, même si j’imagine qu’il en aura conscience. Je déposerai dans l’une de ses mains mon arme à feu, en espérant qu’il ait le courage de se tirer une balle… Bien qu’il s’agisse d’un acte difficile, je gage qu’être transformé en un bouffeur de chair humaine ne soit pas quelque chose d’agréable. Si malheureusement il n’arrive pas à passer le cap, je lui viendrai en aide en faisant feu de mon propre chef. Après lui avoir fait mes adieux, en l’accompagnant jusqu’à la dernière minute, main dans la main, je pointerai le canon de mon flingue sur sa tempe et je tirerai pour que ses souffrances soient extrêmement brèves. Je brûlerai enfin son cadavre pour ne pas que sa dépouille soit profanée par la suite.

Combien de temps pouvez-vous courir avant d'avoir besoin de vous reposer ? ∞ J’ai toujours attaché de l’importance au sport. J’adore pouvoir me dépenser physiquement. C’est quelque chose qui me permet de repousser mes propres limites et de me défouler. Quand quelque chose ne me plaît pas, ou quand des sentiments trop asservissants ne me tiraillent, je sors mes baskets et je fais un footing, j’enfile des gants et je me mets à la boxe, ou je mets un maillot de bain et je fais de la natation. Alors quand j’ai intégré les rangs de la CIA, j’ai évidemment été entraînée encore davantage. Durement, sans répit, sans qu’on me fasse de cadeaux. Il m’est donc assez aisé d’évoluer en terrain inconnu, surtout depuis que le monde a sombré dans l’apocalypse. Je m’adapte rapidement à l’environnement et le fait qu’il n’y ait presque plus personne dehors me permet d’être plus libre et vigilante. Alors ça ne vous étonnera pas si je vous dis que je peux facilement courir sans arrêt plusieurs heures d’affilée.

Serez-vous capable de traverser la ville infestée de zombies pour retrouver l'être que vous aimez ? ∞ Sans parler forcément de l’être que j’aime — car j’estime ne pas avoir à m’attacher de la sorte —, je suis une personne qui serait prête à tout pour venir en aide aux innocents. Protéger les citoyens et servir mon pays, c’est toujours ce que j’ai fait. J’ai beau être déserteuse aux yeux de la CIA, je continue à me montrer justicière et protectrice. C’est dans ma nature. J’ai été entraînée pour espionner et tuer. Évoluer dans ce nouveau monde apocalyptique, c’est beaucoup plus aisé pour moi que pour des habitants lambdas. Alors autant que je serve pour sauver la veuve et l’orphelin. Ça doit faire très héroïque, mais il faut bien que des gens comme moi se dévouent. Je m’en veux déjà assez comme ça d’avoir emmené mes élèves ici. Les voir tous mourir, devoir en abandonner certains, les regarder pleurer et avoir peur, c’était terriblement atroce. Jamais plus je ne fuirai, quitte à me sacrifier.

Avez-vous déjà manié une arme ? En possédez-vous une ? Savez-vous bien vous en servir ? ∞ En plus d’avoir été une agent expérimentée de la CIA durant une dizaine d’années, mon père était un criminel notoire qui m’a très vite conditionnée pour manier les armes à feu. Mon adolescence fut rythmée par les entraînements de tir sur mannequins statiques, avant qu’ils ne deviennent de véritables cibles vivantes… Tuer mon premier homme à bout portant alors qu’il essayait d’achever mon père, c’était une expérience à la fois exaltante et extrêmement terrifiante. Depuis ce jour, je veille à conserver mes aptitudes en continuant à m’entraîner. Même lorsque j’étais au Brésil en tant que professeure d’espagnole, j’avais un stand de tir au sous-sol de ma résidence personnelle. Lorsque les choses ont commencé à dégénérer ici, j’ai filé dans une armurerie et je me suis procurée un pistolet Hi-Mark 95, une arbalète, des munitions, un carquois de carreaux et un poignard. Inutile de préciser que je sais parfaitement me servir de ces armes, l’arbalète étant d’ailleurs mon outil de prédilection depuis toujours.

Savez-vous bien vous adapter en société ? Avez-vous appris à partager ? ∞ Cette question pourrait presque me faire mourir de rire. M’adapter en société est une chose que je fais chaque jour de ma vie depuis que j’ai rejoint la CIA. Non seulement je me devais de bien me tenir en communauté et cacher ma double-vie lorsque j’étais agent spécial, mais en plus j’ai été forcée de garder l’anonymat lorsque j’ai décidé de déserter. Je suis d’un naturel sociable et j’ai facilement un bon contact avec les gens. À force de mensonges et de manipulation, j’ai appris à embobiner mes interlocuteurs. Je peux facilement leur faire croire ce que je veux, surtout s’il agit pour moi de sauver ma peau. Malgré tout, je reste une personne sensible avec des sentiments. Devenir professeure et partager la vie quotidienne des étudiants dans un lycée brésilien, ce fut comme une révélation. J’ai aimé enseigner, j’ai aimé être à l’écoute de mes élèves, j’ai aimé les faire progresser. Je suis une personne attentionnée et généreuse, partager est un maître mot important. Malheureusement, j’ai failli à mon devoir et je n’ai pas su protéger ma classe alors que c’est moi-même qui aie organisé ce voyage scolaire à Brazoria…

L'apocalypse vient tout juste de commencer quel est le premier endroit où vous vous rendez ? ∞ Lorsque notre groupe scolaire a remarqué les premiers signes de cette épidémie, nous étions à l’hôtel de Brazoria. Alors que les sirènes d’alarme de la ville avaient retenti bruyamment, les haut-parleurs diffusant inlassablement le message de confinement, un de mes élèves m’était tombé dessus dans le couloir tandis que je me dirigeai vers les chambres. Son sweat-shirt était tâché de sang et son visage reflétait la peur. À la vue de cette scène bouleversante, je crus que mon cœur allait s’arrêter. Au dehors, on pouvait déjà entendre les alarmes de voiture, les hurlements et les bruits de verre cassé. L’apocalypse s’emparait de la ville sans qu’on ne sache réellement pourquoi. Je m’étais mise à courir à travers tout l’hôtel pour rassembler toute ma classe. L’élève aux vêtements tâchés de sang m’expliqua qu’un de ses amis du groupe venait littéralement de se faire mordre par un homme enragé. Pour plus de sécurité, j’avais fait confiner mes étudiants dans une des chambres en leur demandant de barricader la porte et les fenêtres. J’avais décidé de descendre en centre-ville, d’une part pour me procurer des armes, d’autre part pour essayer de contacter un responsable des autorités afin de prévoir un retour immédiat au Brésil.

Vous venez de trouver une place où vous cachez, quelle est la première chose que vous faites ? ∞ Immédiatement après avoir trouvé cet endroit où se cacher, je tâcherai de m’assurer que mon protégé va bien. Je barricaderai l’endroit avec divers objets que je trouverai à portée de main. J’entreprendrai une ronde et une fouille des lieux, pour vérifier que nous soyons bien seuls et qu’aucune de ces créatures ne soit à côté de nous. Bref, je ferai tout ce qui est nécessaire pour sécuriser un maximum l’endroit et mettre à l’abri mon protégé; sa vie avant la mienne. Je chercherai sûrement de quoi manger si nos réserves sont vides, je nettoierai mes armes et j’essaierai de faire de cette cachette quelque chose d’on ne peut plus confortable. Par contre, s’il m’est indispensable de sortir en expédition, je prendrai mon protégé avec moi. Je ne souhaite en aucun cas réitérer l’exploit de laisser un adolescent livré à lui-même. Ça a coûté la vie de mes élèves, je ne vais pas faire pareil avec le dernier d’entre eux.

« Ton bras gauche moins tendu, ton épaule droite davantage reculée. » La voix de mon père était dure et cassante. J’avais l’habitude d’être poussée à bout. C’était dans son caractère. Malgré son austérité apparente, il n’était pas avare de marques d’affection — du moins à sa manière. Même si sa situation professionnelle était généralement tue en ma présence, je savais pertinemment qu’il ne faisait pas dans l’humanitaire, et encore moins dans la dentelle. Je n’avais appris qu’à l’âge adulte la vraie profession de mes parents. Mon père, un américain, était sûrement l’un des criminels les plus dangereux des États-Unis. Non seulement il agissait dans tout le pays, mais il tendait à exporter ses activités illicites en Europe de l’est et dans les régions asiatiques. Du pur business amoral qui le poussait parfois — pour ne pas dire souvent — à commettre des atrocités inimaginables. Et s’il avait besoin de moi pour sa protection, je n’avais jamais posé de questions. Je préférais de loin en savoir le moins possible. Ma mère était colombienne et, contrairement à tous ces stéréotypes vus et revus par les cinéastes du monde entier, elle n’était pas une femme soumise à un mari véreux et violent. Bien au contraire, elle était certainement bien pire que lui. J’avais hérité sa force de caractère et son sang-froid. Il était rare de la voir perdre ses moyens, et même lorsqu’un de ses pions fautait, elle restait calme. Pour autant, elle avait souvent pressé la détente de son 9mm, à la grande joie de mon père. Ils étaient un peu les Bonnie & Clyde du vingtième siècle, intégrés dans leurs débuts au cartel de drogue de Cali*, en Colombie.

Il s’agissait d’une organisation mafieuse colombienne de narcotrafiquants créée par les frères Rodriguez Orejuela pendant les années 1970. Ce cartel faisait nettement la différence parmi les autres car ils étaient en partie composés d’entrepreneurs et de plusieurs hommes d’affaires légitimes. Selon certaines estimations, le cartel de Cali, dans sa période florissante, avait contrôlé jusqu'à 80% des exportations de cocaïne de Colombie vers les États-Unis. Mes parents étaient particulièrement fiers de cette réussite, de pouvoir appartenir à une organisation si lucrative. Ma naissance en 1974 dut résigner ma mère à se ranger davantage, laissant la place aux hommes. Mon père prit une grande influence, bien qu’il ait été américain, mais sa nationalité était une aubaine pour le cartel qui faisait passer la drogue colombienne aux États-Unis. C’était là-bas, en Colombie, que je fis mes premières armes sous l’œil aguerri de mon paternel et de ses comparses. C’était également là-bas que je tuasse ma toute première cible, un pauvre type qui voulait assassiner mon père. Une balle dans le torse qui lui fit perdre son sang durant vingt bonnes minutes avant de rendre l’âme. Je n’avais pas compris sur le moment quelles étaient les raisons qui avaient poussé cet homme à en vouloir à mon père. Pour moi, le cartel était notre famille et j’étais resté loin des affaires de mes parents.

Flairant de loin les problèmes, mes parents et moi nous enfuîmes de Colombie pour rejoindre les États-Unis en 1992 alors que j’avais dix-huit ans. Le cartel fut en effet démantelé trois ans plus tard par les autorités. Mon père installa un nouveau trafic sur le sol américain grâce à ses contacts sur place et les affaires purent reprendre, sans que je le sache encore une fois. Quant à moi, je fis mon entrée à l’Institut technologique du Massachusetts, situé à Cambridge. C’était l’université américaine privée la plus renommée au niveau international en sciences et en technologies. J’entrepris alors un cursus dans le département de génie électrique et d’informatique. Je fus rapidement dans mon élément et je décrochai mon diplôme avec brio, terminant même majeur de ma promo. D’abord approchée par la CIA pour mes compétences informatiques, l’organisation gouvernementale fit bien vite le rapprochement entre mes parents et moi, tout en gardant le secret. Sautant sur l’occasion, ils finirent par se rendre compte que j’étais complètement détachée de la situation, bien que j’eus été garde du corps un temps, et ils décidèrent de m’engager pour mieux approcher mon père. J’étais clairement la carte à jouer sur ce terrain s’ils voulaient pouvoir faire tomber le trafic illicite. Moyennant de lourds avantages, j’acceptai d’intégrer la CIA, persuadée de servir ma patrie. J’en étais fière; j’étais devenue agent gouvernemental, mais également une taupe au sein de ma propre famille à mon insu.

Durant mes premières années à la CIA, j’avais servi les États-Unis avec bravoure, ne lésinant pas sur les moyens pour m’entraîner et satisfaire mes supérieurs. Toutefois, habituée à analyser les comportements et les situations, j’avais bien vite deviné que quelque chose clochait avec mes parents. Après plusieurs semaines de recherches, j’avais découvert avec stupeur les réelles activités de ma famille. J’étais abattue, ne pouvant y croire. La CIA n’avait aucune raison de ne pas déjà être au courant.

« Vous m’avez fait demander ? » J’étais entrée sans m’annoncer dans le bureau de mon supérieur. Vêtue d’un tailleur de jais et de hauts escarpins noirs, j’avais pris place face à lui sur un des sièges. J’avais croisé mes jambes interminables et passé ma main dans mes longs cheveux bruns pour me recoiffer légèrement. « Il est temps, Karen. Il avait fait une légère pause. Votre père est une menace pour la sécurité de notre pays. Son trafic a pris tellement d’ampleur qu’il a des contacts très hauts placés. Il commence à faire ses armes dans le narco-terrorisme. Ma tête est en jeu dans cette affaire, et la vôtre aussi. Si je tombe, vous tombez avec moi. » J’avais retenu ma respiration un court instant. J’avais attendu la requête inévitable qu’il s’apprêtât à me demander. « Assassinez-le. » J’étais restée silencieuse face à lui. Je n’avais su quoi répondre. Mon regard s’était presque perdu sur mes mains qui d’ordinaire n’avaient jamais tremblé. « Ce n’était bien évidemment pas une question et aucune réponse n’est attendue de votre part; c’est un ordre de votre supérieur hiérarchique, et par extension, du Président américain lui-même. Maintenant, quittez ce bureau avant que je me vois forcé de vous suspendre pour avoir refusé cette mission. Réfléchissez bien à ce que vous ferez, car on ne vous fera aucun cadeau, soyez en sûre. »

J’avais bien évidemment été contre l’idée de devoir tuer mon père. Même s’il était un criminel et que j’avais prêté serment pour protéger mon pays, il restait celui qui m’avait donné la vie et élevé. Et même si ma mère était une garce insensible, elle n’avait certainement pas mérité que je l’abatte. Malgré tout, après de nombreuses péripéties, sans expliquer comment j’en étais arrivée là, je m’étais retrouvée sur le toit d’un immeuble, armée d’un fusil sniper à silencieux; dans la lunette, mon œil droit observait le visage de ma mère. Je m’étais efforcée à haïr ses airs de grande dame colombienne avec ses tailleurs parfaits et sa mallette métallisée grise. Mon doigt avait pressé la détente d’un geste assuré et la balle avait filé comme l’éclair pour venir se loger dans sa boîte crânienne. L’hémoglobine avait peint son interlocuteur et le mur derrière lui. Le corps sans vie de ma mère s’était effondré à même le sol. Je m’étais relevée de ma position et j’avais entrepris de ranger mon arme dans son étui. Au moment où je m’étais retournée, mon père m’avait fait face. Son visage avait semblé refléter la haine et le désespoir. Il m’avait agrippé la gorge avec force. « Je préfère mourir de tes propres mains plutôt que celles de mes ennemis. » Après m’être débattue quelques instants, j’avais rapidement pris le dessus. La bagarre qui avait suivi s’était terminée par la chute de mon père du haut du building. Il s’était écrasé une centaine de mètres plus bas sur le trottoir.

On m’avait félicité avec discrétion pour mon job et tous avaient semblé m’épier avec pitié par la suite. J’avais tant détesté leur regard que j’en étais devenue exécrable. Mon comportement avait certainement dû en exaspérer plus d’un car, bientôt, des complots s’étaient peu à peu levés lentement dans l’ombre pour me faire tomber à mon tour. Après tout, j’étais avant toute chose la fille d’un couple de criminels. Peut-être avaient-ils pensé qu’ils ne pouvaient pas me faire totalement confiance…

On m’avait collé sur les bras des dossiers en attente. J’avais été chargée de les examiner. Il s’agissait là de possibles recrues. Un couple de frère et sœur m’avait particulièrement attiré l’attention. Claes et Skylar Nightingal. Deux orphelins, sans attache, qui avaient mené la vie dure à de nombreuses familles d’accueil. Deux boules d’énergie et de fureur qui pouvaient s’avérer utiles. Un enrôlement au sein de la CIA avait été, à mon sens, la meilleure chose qui aurait pu leur arriver — du moins, je le pensais à l’époque. Après plusieurs heures de voyage, j’avais débarqué sur la propriété de leur dernière famille. Le collègue qui m’avait accompagné n’était qu’un simple commis mais il s’était présenté lui-même à la porte. Je l’avais repoussé d’un geste sans douceur de la main, ainsi que Skylar, pour monter à l’étage. Je savais pertinemment où était située Claes. J’avais ouvert deux valises noires et j’avais rapidement vidé leurs placards alors que la jeune fille s’était mise à hurler à plein poumons. Pendant qu’elle s’était égosillée, j’avais descendu les marches du perron avec les deux valises que j’avais fourré dans le coffre de la voiture. « On s’en va. » Ce fut la seule chose que j’eus dite.

À partir de cet instant, j’avais décidé de prendre Claes et Skylar sous mon aile. C’était moi qui les avais entraîné, du début jusqu’à la fin. Je m’étais prise d’affection pour eux, et particulièrement pour Skylar. Cet adolescent m’avait fasciné et je l’avais très vite considéré comme mon propre petit frère. Malheureusement, les ennuis n’avaient jamais cessé au sein de la CIA, et même après de longs bons et loyaux services pour ma patrie, certains avaient réellement décidé de me faire la peau. J’avais découvert les petites magouilles de mon supérieur hiérarchique, le même qui m’avait ordonné de tuer mon père. Je n’avais pas saisi tout l’ampleur du trafic auparavant, mais j’avais compris au fur et à mesure d’enquêtes personnelles qu’il était impliqué dans les activités illicites de mes parents. Je ne fus cependant pas assez prudente, et après que Skylar ait quitté précipitamment notre séance d’entraînement au tir — énervé de ne pas avoir de réponses à ses questions —, mon supérieur m’avait rejoint. « Quelle jolie petite tête blonde, ce Nightingal. Ce serait dommage qu’il la perde, non ? » Il m’avait jeté ce regard lourd de sens, faisant promener ses doigts sur la table où étaient sagement alignées les armes à feu. Il avait rapidement quitté les lieux avec son sourire si répugnant. Il avait certainement dû savourer sa victoire. Il avait compris que je m’étais liée à Sky’ et qu’il s’agissait là d’un moyen de pression. Bientôt, ma tête allait tomber. C’était ce message que mon supérieur m’avait fait passer.

Alors, en pleine nuit, j’avais rejoint Skylar dans sa chambre. Je l’avais plaqué au mur, ma main sur sa bouche. Je ne devais pas être repérée dans les quartiers des recrues. « Je suis tellement désolée… Si tu savais comme je m’en veux d’avoir été aussi idiote. » J’avais fait une pause, fermant les yeux pour prendre une bouffée d’oxygène. J’avais ensuite planté mon regard de jais dans le sien. « Je suis là seulement pour te dire que je m’en vais. J’ai été trahie. Je ferai en sorte que tu me retrouves un jour. Tu ne pourras certainement pas me reconnaître, mais tu sauras au fond de toi que c’est moi. » Mon index avait pointé l’endroit où son cœur battait. « Fais attention à toi, je t’en supplie. » Et je l’avais assommé sans ménagement, le laissant inconscient sur le sol. Cette nuit-là, j’avais déserté la CIA pour de bon, sans lui expliquer les véritables raisons. Ce garçon ne devait pas savoir que sa vie avait été mise en danger par ma faute. La pression qu’avait exercée mon supérieur sur moi avait marché et j’avais abandonné le navire pour garder le gamin en vie.

Mon périple m’avait emmené dans de nombreux pays. J’avais fini par m’établir au Brésil, dans la ville de Rio de Janeiro, plus précisément. Là-bas, je pus apprendre le portugais. J’étais devenue professeure d’espagnol dans un lycée. Je m’étais attachée à ce nouveau poste. Je m’étais sentie renaître. Je m’étais sentie utile. Partager mon savoir, accompagner des jeunes étudiants, mélanger nos cultures. C’était une expérience inoubliable. Et pour bien faire, j’avais organisé un voyage scolaire au Texas, dans la ville de Lake Jackson. Je voulais faire découvrir cet état que j’appréciais à mes élèves, le Texas ayant été avant toute chose une colonie espagnole avant de faire partie du Mexique puis des États-Unis en 1845. Ce que je ne savais pas, c’était que je les amenais littéralement à l’abattoir.

* Informations sur le cartel de Cali trouvées sur Wikipédia.

« Señorita, vous pensez que j’ai une chance de croiser Paris Hilton ? Elle est trop bonne ! À mon avis, Estúpida Hilton doit se dorer la pilule sur son yacht, et c’est pas un petimetre comme toi qui va lui taper dans l’œil. » Nous avions ri. C’était il y a un an. Nous étions hébergés à l’hôtel de Lake Jackson. Il devait être dix-sept heures quand les sirènes d’alarme de la ville avaient retenti. Un message sonore nous demandait de rassembler le strict minimum et de partir immédiatement pour rejoindre les grandes villes. Quelques temps auparavant, nous avions déjà entendu à la radio d’étranges phénomènes dans tout le pays. Nous ne savions guère si cela s’étendait à l’international. Mais les choses semblaient devenir horribles, presque apocalyptiques. Des hurlements, des émeutes et des bruits de pillage étaient perceptibles au dehors. J’étais sortie de la chambre aussitôt, tombant nez à nez avec un de mes élèves, son sweat-shirt ensanglanté. Je l’avais empoigné violemment par les épaules; j’avais senti mon cœur louper un battement. « Eduardo, regarde-moi. EDUARDO ! Je… c’est… Pedro il a été… dévoré par un mec et… c’était affreux, j’vous jure. » L’adolescent de dix-sept ans était tombé à genoux et s’était mis à pleurer toutes les larmes de son corps en s’agrippant ardemment à ma taille. Je m’étais passée les mains sur le visage avant de plaquer mes cheveux en arrière et de me détacher de son étreinte. J’avais l’intime conviction que ce gosse ne déraillait pas, mais je ne savais aucunement dire ce qu’il se passait dans cette foutue ville. Je l’avais relevé avec vigueur et, l’aidant à marcher, j’avais regagné les différentes chambres où étaient installés les autres étudiants pour les rassembler. Quand nous nous étions retrouvés au complet dans l’une d’elles, un de mes élèves bavait littéralement devant la fenêtre. « Mademoiselle, c’est juste dément, on s’croirait dans The Walking Dead ! Sérieux c’est d’la folie ! » Je m’étais approchée et sans ménagement, je lui avais collé la baffe du siècle. « Idiote, tu vois pas qu’on est tous effrayé ?! On est pas à la télé, c’est la réalité. » Je m’étais ensuite dirigée vers la porte, sur laquelle je m’étais laissée glisser. La plupart des gosses sanglotait, implorant leurs parents. Je m’étais sentie vulnérable, responsable de leur désarroi. Tâchant de reprendre mes esprits, je m’étais relevée et j’avais fait le compte. Ils étaient tous là, à l’exception de Pedro qui s’était fait attaquer par je ne savais quoi. « Eduardo, ça s’est passé où ? » Mon cœur s’était emballé férocement. J’avais tant redouté sa réponse. « Dans le hall… ici… Merde. » Mon juron n’était pas tombé dans l’oreille de sourds et tous avaient relevé la tête, leurs yeux trahissant davantage leur peur. « C’est rien, pas de panique surtout. On va trouver une solution. Je… Je vais vous faire sortir de là, je vous le promets. » J’avais été idiote de tenir de tels propos. Mais dans ces circonstances, je n’avais pas su réagir autrement. J’avais baissé mon regard sur mes habits. J’étais vêtue d’une robe jaune canari moulante, qui m’arrivait au-dessus des genoux, cintrée par une lanière de cuir tressée noire en guise de ceinture. Avec mes talons hauts de jais, je n’étais clairement pas apprêtée pour faire face à cette situation. Mais je n’avais aucunement le temps de me changer; il me fallait trouver rapidement une solution.

J’avais ordonné à mes élèves de s’enfermer dans cette chambre d’hôtel. Avec les moyens du bord, ils avaient scotché les fenêtres, tiré les rideaux et barricadé la porte grâce aux meubles. Derrière celle-ci, je m’étais assurée qu’ils étaient en sécurité. Je pensais réellement qu’ils n’auraient pas l’idée de sortir… J’avais alors traversé le couloir en prenant soin de regarder autour de moi à chaque instant. Mes sens avaient été littéralement aux aguets. J’avais essayé de ne pas faire trop de bruit sur le marbre avec mes talons. J’avais bientôt gagné le hall de l’hôtel quand un bruit m’avait surprise. À quelques mètres devant moi s’était tenu le réceptionniste, la main en lambeaux, le sang dégoulinant sur le sol. Il ne ressemblait plus à quelque chose d’humain. Il avait grogné horriblement. Je n’avais même pas su dire d’où il sortait ça. Ce cri avait été caverneux, mélangé à un gargouillis à te faire gerber ton sandwich sur ta paire de Louboutin à mille dollars. J’étais restée pantoise, hagarde. Il s’était doucement mis à traîner la jambe comme dans ces vieilles séries B. Jamais je n’avais cru voir un zombie pour de vrai — bien que sur le moment je n’avais aucune idée de la nature de cette chose. Toutefois, j’avais pensé à ce que m’avait dit Eduardo, et sans réellement chercher à comprendre, j’avais retiré un de mes talons pour le planter avec force dans le haut du crâne du réceptionniste — ou du moins dans ce qu’il en restait. J’avais relâché ma chaussure qui s’était écrasée à côté de la dépouille du puant. Avec beaucoup de regret, j’avais décidé d’abandonner sa jumelle Louboutin. « J’ai jamais été aussi heureuse de porter des collants… — c’était clairement moins dégueulasse que de tremper ses pieds nus dans la merde — et gracias Dios mío de m’avoir fait connaître Resident Evil. »

Lake Jackson n’était plus la ville dans laquelle nous avions débarqué une semaine avant. Nous étions censés repartir dans la nuit. J’avais pensé que notre autocar avait peut-être eu l’idée de venir avant en voyant les problèmes. Malheureusement, c’était sans espoir et je savais pertinemment que c’était à moi seule de trouver le moyen de les sortir de là. Tapant un sprint parmi la foule paniquée, j’avais cherché n’importe quel chemin pour rejoindre cette armurerie que j’avais repéré auparavant. Ça n’avait pas été chose facile et j’avais même dû me battre avec un gros plein de soupe pour chopper ce Hi-Mark 95. Personne n’avait pris l’arbalète dans l’arrière-salle. Il fallait dire aussi que cette arme était difficile à manier. J’avais une nouvelle fois remercié le ciel de m’avoir fait naître dans une famille de criminels. La CIA m’avait alors paru indispensable sur le moment; quelle chance j’avais eu de l’intégrer, ahah.

À mon retour à l’hôtel, j’avais arraché ma robe avec mon couteau dans ma chambre pour aller plus vite et j’avais enfilé un jean, une ceinture et un tee-shirt foncé à bretelle. J’avais attaché mes longs cheveux bruns en une queue de cheval extrêmement serrée et j’avais fourré les boîtes de munitions dans un sac à dos. J’avais accroché l’arbalète en bandoulière en m’assurant de pouvoir atteindre de ma main droite le carquois de carreaux dans mon dos. Finissant par enfiler une paire de baskets, j’avais callé mon Hi-Mark dans ma ceinture. J’avais ensuite rejoint le couloir adjacent où j’avais laissé mes élèves. Malheureusement pour moi, j’avais mal planifié le truc… Je m’étais avancée contre le mur, flingue en mains. Un coup d’œil furtif dans la chambre m’avait fait échapper un hoquet. Je m’étais retenue de vomir mes tripes : la chambre dévastée, trois cadavres écorchés et un étudiant debout au dos tourné, visiblement démantibulé. Séchant quelques larmes, j’étais passée discrètement devant la chambre avant de me mettre à courir à travers les couloirs pour trouver des survivants. Plus j’avançais, plus je découvrais les cadavres sans vie de mes élèves. Certains me poursuivaient, mais je n’avais pas eu la force de leur tirer dessus. J’avais quitté l’hôtel en sanglots, humiliée, abattue, pleine de remords.



« Inês bordel, reviens près de moi, on s’en tape le cul par terre de savoir si ce mec peut encore être sauvé. Je vous pensais plus altruiste… Altruiste ? Tu crois qu’on a besoin de l’être en ce moment ?! J’essaie de vous garder en vie. Ouais, tout comme vous avez tenté de garder en vie le reste du groupe. » Je n’avais su quoi répondre. J’avais ouvert la bouche mais aucun son n’était sorti. J’avais senti mes yeux s’embuer d’un voile salé. « INÊÊÊÊÊS ! » Le hurlement déchirant de Lourenço m’avait instinctivement fait lever mon arme. Et au moment où je m’apprêtais à viser, le rôdeur avait fauché Inês qui s’était effondrée. Ils avaient été les deux seuls rescapés que j’avais retrouvés. Malheureusement, Lourenço allait se retrouver seul; le sang avait répandu le sol de la route et, contre toute attente, c’était le jeune étudiant qui m’avait tiré le bras pour qu’on déguerpisse.

Dans les mois qui avaient suivi, j’avais toujours gardé un œil sur Lourenço. Ce jeune homme m’avait parfois sauvé la mise, tout comme je l’avais protégé. Je m’étais faite la promesse de veiller sur lui quoi qu’il puisse se passer. S’il fallait me sacrifier, j’étais prête à le faire. Nous nous étions rapprochés, laissant tomber la barrière prof-élève, car il apparaissait peu à peu comme un fils pour moi. Le monde tel que nous le connaissions n’existait plus, et l’épidémie avait balayé l’humanité et les valeurs sociales d’un revers de main. Il ne s’agissait plus que de nous deux, et le reste du monde représentait une menace constante. Nous avions d’ailleurs rencontré une blondasse, Amanda. La trentaine, en tenue de flic, son fusil à pompe sagement tenu dans ses mains. Elle s’était montrée extrêmement agressive, en particulier à l’encontre de Lourenço. Même s’il se la jouait un peu pour montrer davantage d’assurance, il avait gardé son âme d’adolescent innocent, et je n’avais pas supporté les menaces de la camionneuse. Ils en étaient presque venus aux mains, Amanda n’étant pas du genre à faire dans la dentelle. Sous le coup de la colère, il lui avait décroché une droite en pleine face après qu’elle l’eut poussé à bout. Qu’elle saisisse son fusil pour viser Lourenço avait été une très mauvaise idée car, dans la minute qui avait suivi, je l’avais tenue en joue avec mon arbalète. « J’t’assure grognasse, tu baisses ça illico presto ou tu reçois ce joli projectile pointu droit dans le bide. » Je n’avais pas dû être très persuasive puisqu’elle avait ri tout en gardant son arme pointée vers le jeune brésilien. Malheureusement pour elle, j’avais été plus que sérieuse, et mon doigt pressa assurément la détente de l’arbalète. Le carreau avait sifflé et s’était planté sans ménagement dans son abdomen. Je l’avais regardé lâcher son fusil et tituber avant qu’elle ne perde l’équilibre. D’un geste du menton, j’avais ordonné à Lourenço de ramasser l’arme et de monter dans le pick-up. « J’te reprends ça par contre, ça court pas les rues contrairement aux rôdeurs. » Et je lui avais arraché le carreau du ventre pour le remettre dans mon carquois. « Piper, tu devrais venir écouter. Ça dit qu’il y a une zone sécurisée à Brazoria. Tu connais ? »

pseudo ∞ piper prénom ∞ «my name is legion, for we are many» âge ∞ vingt balais pays ∞ france sexe ∞ toujours comment es-tu arrivé ici ? ∞ bazzart que penses-tu du forum ? ∞ depuis le temps que je cherche un forum sur les zombies, ça tombe bien, huhu. il semble cool, le design est épuré et attrayant, et puis on va casser la baraque avatar ∞ maggie q personnage inventé ou scénario ? ∞ scénario de skylar un dernier mot avant l'apocalypse ? ∞