C'était insuportable, inconcevable. Je ne supportais plus cette image qui me revenait chaque nuit, qui ne me laissait aucun répit. Je ne pouvais plus accepeter ces questions, ces idées.. Pourquoi ? Pourquoi n'avais-je pas tiré dans sa putain de cervelle ? J'avais encore passé plusieurs heures à le suivre, à le surveiller.. A apprendre ses habitudes, ses goûts, ses couleurs préférées.. Je me trouvais pathétique parce que je tentais de me persuader que c'était pour mieux l'avoir ensuite. Pour le mener par le bout du nez, pour le faire payer. La vérité était toute autre et je ne voulais pas encore l'accepter. Je n'étais pas quelqu'un de faible. Je l'avais été il y a bien longtemps, mais c'était terminé tout ça. Quinze ans que c'était fini. Voilà pourquoi je me suis enfuie, sans aucun doute. Certainement la raison pour laquelle j'ai préféré partir, sortir de l'enceinte, me risquer dans cette forêt déjà trop sombre alors qu'il devait être aux alentours de dix sept heures. Voilà pourquoi sur un coup de tête, sans prendre autre chose que ma machette, j'avais décidé de m'isoler. Ouais, tout ça parce que je ne pouvais m'avouer faible face à lui, face à son regard, face à ses yeux bleus qui lisent en vous, qui vous désarment. Face à ce regard empli de souffrances qu'on ne peut se résoudre à achever parce que trop réel. Alors, instinctivement, j'ai attrapé ma machette, toujours présente dans mon dos comme une présence rassurante.. Et j'ai.. Quelque peu débroussaillé les deux mètres carrés autour de moi. Et ce le plus rageusement possible, pas question de faire les choses à moitié.

Et puis, un craquement. Je me suis immobilisée puis ai observé autour de moi. Je ne voyais rien pourtant un autre craquement se fit entendre. Merde. J'avais du attirer des pourris. Ouais, des pourris. J'ai serré ma prise sur le manche de la machette et un sourire est venu étirer mes lèvres. J'avais pas peur, non pas vraiment. Enfin si peut-être, mais ni moi ni les autres n'en avions vraiment conscience. Je ne voulais pas en avoir conscience. Tout ce que je savais c'était que j'allais me changer les idées. Lorsque j'ai entendu ce râlement caractéristique, je me suis tournée pour faire face au pourri. A la pourrie, en fait. Il lui restait la moitié des cheveux, la moitié des lèvres, une seule oreille.. Bref, tout le côté gauche arraché avec goût. Mon sourire s'est élargit et j'ai donné un grand coup de machette dans son pauvre crâne. La chose s'est effondrée alors que je pivotais déjà pour fracasser les crâne de l'autre pourri que j'avais entendu. Le truc c'est que c'était pas un pourri, non. Et mon geste à été arrêté de justesse par la brune qui me faisait face. Oops.